Éditions de la Maison des sciences de l'homme
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Jacques Louis David, la traite négrière et l'esclavage : Son séjour à Nantes, mars-avril 1790
Philippe Bordes
- Éditions de la Maison des sciences de l'homme
- 7 Décembre 2023
- 9782735129690
De son voyage à Nantes au printemps 1790, Jacques Louis David rapporta une vaste composition allégorique, inspirée par l'esprit révolutionnaire qui avait très tôt pris racine dans la cité portuaire. Le présent essai en propose une analyse serrée soulignant que, lors de son séjour dans le premier port négrier de France, le peintre fut inévitablement confronté à la réalité du commerce des esclaves. En déchiffrant la polysémie iconographique de son dessin, Philippe Bordes y voit une métaphore de l'esclavage - ou plus exactement d'un esclavage Noir-Blanc, dans le double sens colonial et métropolitain - que David voulut y déployer. Il met en lien cette composition avec l'influence de son entourage parisien, qui comptait plusieurs membres de la Société des Amis des Noirs, et avec les vifs débats sur l'abolition de la traite négrière au sein de l'Assemblée nationale et en dehors. L'histoire renouvelée du séjour nantais de David se révèle alors comme le moment de l'entrée en Révolution de ce géant de la peinture en tant que citoyen et artiste.
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Nationalismes, antisémitismes et les débats autour de l'art juif : de quelques critiques d'art au temps de l'école de Paris (1925-1933)
Alessandro Gallicchio
- Éditions de la Maison des sciences de l'homme
- 22 Juin 2023
- 9782735129379
Dans l'entre-deux-guerres à Paris, au moment où une frange d'intellectuels unit ses voix aux mouvements nationalistes, des critiques d'art gravitant autour de l'École de Paris prennent des positions esthétiques et idéologiques parfois déroutantes. L'ouvrage examine les motivations personnelles, communautaires et sociales des divers auteurs qui ont débattu la question d'un art juif et de son éventuel caractère ethnique. Il étoffe notre compréhension de la politisation des discours sur l'art, sans céder à une vision simplificatrice ou binaire : à l'heure de la montée des fascismes, la critique d'art s'est adaptée aux circonstances, reflétant ainsi les glissements et les instabilités de l'époque.
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Compagnons de lutte. avant-garde et critique d'art en Espagne pendant le franquisme
Paula Barreiro Lopez
- Éditions de la Maison des sciences de l'homme
- 26 Janvier 2023
- 9782735128792
Dans l'Espagne de la période du franquisme tardif (1957-1975), les critiques d'art jouent un rôle essentiel dans les mouvements de contestation qui agitent une société alors en pleine mutation. Contre la doctrine d'un art moderne autonome et dépolitisé prônée par le régime, ils produisent des discours esthétiques qui rétablissent le lien entre culture et politique et poussent les artistes à inscrire leurs oeuvres dans le cadre élargi des questions éthiques et des enjeux sociaux. En s'appuyant sur l'étude d'archives restées jusqu'ici inexplorées et sur des entretiens inédits, Compagnons de lutte s'attache au travail de sept critiques et historiens de l'art espagnols qui ont pris une part extraordinairement active à la vie intellectuelle et politique de leur pays dans les années 1960 : ils publient, éditent, traduisent, ils organisent des expositions, des débats, des rencontres. Grâce à la complicité nouée avec Giulio Carlo Argan et Umberto Eco en Italie, Adolfo Sánchez Vázquez au Mexique, Gérald Gassiot-Talabot, Pierre Restany et le Salon de la Jeune Peinture à Paris, ils s'approprient les théories et les tendances artistiques circulant à ce moment-là en Europe et sur le continent américain, en les adaptant avec succès aux conditions spécifiques de l'Espagne franquiste. Fruit d'une approche interdisciplinaire et transnationale des réseaux artistiques du Sud global, l'ouvrage de Paula Barreiro López révèle un pan longtemps négligé par l'historiographie de l'art européen, en éclairant le fonctionnement de l'avant-garde espagnole dans les dernières années de la dictature, sa diffusion et sa réception critique dans les milieux culturels de gauche à l'époque de la guerre froide.
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L'impressionnisme à ses frontières : Le cas Meier-Graefe et la lutte pour l'art moderne en Allemagne
Victor Claass
- Éditions de la Maison des sciences de l'homme
- 7 Décembre 2023
- 9782735129355
Par ses écrits pionniers sur l'histoire du développement de l'art moderne, le critique d'art allemand Julius Meier-Graefe (1867-1935) joua un rôle décisif pour la canonisation de l'impressionnisme dans l'Europe de 1900. En défendant avec subversion et énergie la peinture de Manet, Renoir ou Cézanne outre-Rhin, il se mit à dos les élites conservatrices de l'Empire, qui observaient avec méfiance la propagation des valeurs de la modernité artistique. Tout au long de sa trajectoire franco-allemande, ponctuée de virulentes polémiques et cisaillée par le surgissement de la Première Guerre mondiale, Meier-Graefe lutta contre l'emprise d'un nationalisme obtus sur les récits artistiques. Son projet de régénération de la culture allemande fut ainsi indissociable de ses efforts pour la fédération d'une Europe pacifiée des images. Si le progressisme francophile tout comme le vitalisme de son approche de la peinture ont parfois été soulignés, l'étude de son implication dans les débats politico-culturels de son temps révèle une personnalité plus nuancée. Ce livre analyse ainsi les surprenants à-coups et paradoxes ayant émaillé la carrière transnationale de Meier-Graefe, où alternèrent phases d'enthousiasme débridé et d'intense désillusion. Le personnage s'y dévoile comme un penseur du déclin et le chantre d'une modernité idéalisée, dont l'impressionnisme représentait à la fois la quintessence et le chant du cygne.
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L'accord parfait : dans les coulisses des orchestres de musique classique
Delphine Blanc
- Éditions de la Maison des sciences de l'homme
- 28 Juin 2023
- 9782735129843
L'Orchestre national du Capitole de Toulouse, l'Orchestre de Paris, Les Siècles, l'Orchestre philharmonique de Radio France, le Philharmonia Orchestra, Les Dissonances, le Concerto Kln... Quels points communs entre ces formations musicales ? Quelles forces faut-il réunir pour que les concerts aient lieu, à quoi le succès des représentations tient-il ? Qu'est-ce qu'être musicien d'orchestre, et quid aujourd'hui de l'idée romantique selon laquelle le véritable artiste devrait, tout offert à sa passion, vivre dans l'incertitude ? Sociologue et musicienne d'orchestre, Delphine Blanc dresse dans cet ouvrage, où vibre, fortissimo, l'amour de la musique classique, une typologie des orchestres. Elle décrit les relations, parfois frémissantes, parfois houleuses, qui unissent un groupe autour d'un concert, et fait entendre, avec brio et humour, une partition inédite, celle du hors-scène. Son approche ethnographique donne à voir comment se joue l'engagement individuel de chacun dans la prestation artistique d'ensemble. Par le biais d'entretiens menés allegro vivace avec des instrumentistes, des chefs, mais aussi des régisseurs, techniciens et administrateurs, ainsi que par des extraits du journal que l'auteure tient depuis son pupitre d'altiste, L'Accord parfait ? plonge le lecteur, au coeur des orchestres, sur les plateaux, dans les bureaux, de tournées en répétitions, dans le vif des interactions quotidiennes dont se nourrit le collectif musical.
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Peindre contre le crime : De la justice selon Pierre-Paul Prud'hon
Peter Geimer
- Éditions de la Maison des sciences de l'homme
- 18 Novembre 2020
- 9782735127436
Peint en 1808 pour une salle d'audience du Palais de Justice de Paris, le tableau de Pierre-Paul Prud'hon, La Justice et la Vengeance divine poursuivant le Crime, a toujours été considéré comme un chef-d'oeuvre du romantisme français, mais a rarement été étudié sous l'angle de l'histoire du droit pénal. Pourtant, les débats contemporains autour de la question du libre arbitre jouèrent un rôle fondamental dans le choix de son iconographie. Selon la conception invoquée par Prud'hon, l'homme agissant librement est pleinement responsable de ses actes, y compris de ses crimes - responsabilité qui confère au législateur le droit moral de fixer des sanctions, même sévères. Les réflexions d'Emmanuel Kant revêtent dans ce contexte une importance majeure. Prud'hon en eut probablement connaissance par l'intermédiaire du commanditaire du tableau, Nicolas-Thérèse-Benoît Frochot, préfet du département de la Seine, auquel est attribuée ici la paternité du programme iconographique. À travers la présente monographie, Thomas Kirchner montre combien cette célèbre peinture est l'exact reflet des discussions juridiques et philosophiques qui animèrent la France révolutionnaire, et donnèrent naissance au nouveau Code pénal et à un nouveau Code d'instruction criminelle.
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Journal (1889-1937) - Coffret de 2 volumes : Regards sur l'art et les artistes contemporains
Comte Comte Harry Kessler
- Éditions de la Maison des sciences de l'homme
- 20 Septembre 2017
- 9782735122912
Le comte Harry Kessler (1868-1937) est une figure essentielle de la vie des arts en Europe à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Sa triple éducation allemande, anglaise et française le voue dès l'origine à une mobilité qui devient bientôt le maître-mot de son existence de collectionneur et de mécène, de critique, de directeur de musée. Resté longtemps inédit, le Journal qu'il a tenu pendant près de soixante ans en est le dépôt et le témoin assidu. Les quelque dix mille pages manuscrites de ses carnets livrent un document exceptionnel, le miroir alerte et sensible où Kessler capte sur le vif les mouvements qui ont agité les idées, la société, la politique et les arts à Paris, Berlin, Londres ou Bruxelles entre 1890 et la veille de la Seconde Guerre mondiale. La présente édition s'attache en particulier aux considérations et aux propos sur l'art et les artistes de son temps. Lecteur de Nietzsche, Kessler a toujours vu dans l'art « le grand stimulant de la vie », il veut en faire le ferment et le levier, sinon d'une révolution, du moins d'une réforme et d'un progrès des esprits. À cette fin, il s'engage avec passion dans les débats esthétiques d'une époque aussi inquiète que féconde, il visite les ateliers, fréquente les artistes, les soutient et les impose contre le carcan des académismes, le conservatisme de la politique impériale et les idéologies délétères de la République de Weimar. Dans ce combat, l'art et les artistes français tiennent la vedette. Kessler en est l'infatigable champion, le passeur diligent et avisé, au moment où s'invente en Allemagne, avec Hugo von Tschudi à Berlin ou Alfred Lichtwark à Hambourg, l'idée même du musée moderne. Cette traduction française du Journal du comte Harry Kessler couvre une période qui va de 1889 à 1937. L'Exposition universelle de Paris y est le prélude à l'éclosion rapide d'un regard. Kessler ne tarde pas à s'enthousiasmer pour les oeuvres néo-impressionnistes. Achetées dès 1897, Les Poseuses de Seurat sont au fondement d'une collection qui s'enrichit à la faveur de sa collaboration à la revue PAN et des liens que Kessler tisse alors avec Auguste Rodin, Paul Signac, Maurice Denis, les galeristes Paul Durand-Ruel, Ambroise Vollard, Eugène Druet ou Bernheim-Jeune à Paris, avec Edvard Munch, Max Klinger, Max Liebermann, le marchand d'art Paul Cassirer à Berlin. Autant de noms qui deviendront de prestigieux alliés dans l'aventure du « nouveau Weimar », que Kessler a l'ambition de transformer, avec l'aide d'Henry Van de Velde, en fer de lance d'une modernité où les arts décoratifs tiennent une place cardinale. Le « scandale Rodin » en sanctionne pourtant l'échec en 1906. Kessler privilégie dès lors les rapports personnels avec les artistes, qu'ils soient sécessionnistes en Allemagne, où il a oeuvré à la fondation du Künstlerbund, ou peintres nabis comme Édouard Vuillard et Pierre Bonnard à Paris. En 1904, il rencontre Aristide Maillol, dont il se fait aussitôt le collectionneur et le mécène. En 1907, Kessler lui passe commande du Cycliste et du Désir, dont il suit et documente la réalisation dans l'atelier du sculpteur. De même, des photographies illustrent le voyage qu'il entreprend un an plus tard en Grèce avec Maillol et Hugo von Hofmannsthal. Après 1910, une fièvre artistique saisit l'Europe et les Ballets russes sont peut-être la manifestation la plus aiguë de cette protestation contre une catastrophe imminente. La Légende de Joseph, dont Kessler a écrit avec Hofmannsthal le livret, est créée à Paris puis à Londres en mai 1914, juste avant le conflit. Ébranlé par la boucherie de Verdun, Kessler est envoyé en Suisse, où il dirige la propagande artistique allemande. La Première Guerre opère cependant une césure irrévocable dans son existence : après 1918, il se tourne vers la politique, milite pour la paix et le progrès social, défend des artistes comme George Grosz ou John Heartfield, ce qui lui vaut bientôt le surnom de « comte rouge ». Le goût de la bibliophilie développ...
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Rap, techno, electro ; le musicien entre travail artistique et critique sociale
Morgan Jouvenet
- Éditions de la Maison des sciences de l'homme
- 1 Août 2014
- 9782735118311
Rap, techno, électro, house, jungle, trip hop... ces styles musicaux se sont installés dans le paysage discographique français depuis la fin des années 1990. À travers les succès commerciaux retentissants ou les coups d'éclat de leurs animateurs, ils sont apparus comme des fenêtres ouvertes sur les plaisirs, les désirs et les maux de la jeunesse. « Jeunes », les musiques rap et électroniques le sont en effet à double titre : filles d'esthétiques postmodernes et de bricolages technologiques dernier cri, elles sont aussi sociologiquement attachées à l'adolescence et à l'entrée dans la vie adulte. En montrant ces « nouveaux »musiciens au travail, l'auteur entraîne le lecteur loin des clichés réducteurs associant ces cultures musicales à une « perte de repères » ou à une mauvaise humeur à la mode. L'articulation entre création artistique et critique sociale, l'invention et la diffusion de modèles d'organisation alternatifs en matière de production discographique sont mises au jour. Dans cet univers professionnel très actuel, la banalisation des « home-studios » et l'extension des responsabilités de l'artiste permettent en effet aux individus de faire carrière en multipliant les projets (de disques et de labels) et les casquettes (de musicien et de manager). Peinture vivante des relations de travail et au travail dans un milieu artistique fondé sur la mobilité, cet ouvrage permet enfin de comprendre les évolutions récentes du monde du disque vers une réactivité et une souplesse toujours plus grandes.
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La Musicologie et Occupation : Science, musique et politique dans la France des « années noires »
Sara Iglesias
- Éditions de la Maison des sciences de l'homme
- 19 Décembre 2017
- 9782735122806
« La nuit tout est possible », écrit Vladimir Jankélévitch dans son étude sur Le Nocturne publiée dans la clandestinité en 1942... Pris au coeur de l'Occupation, entre débrouille et engagement politique, entre les difficultés matérielles du quotidien et le luxe des manifestations musicales de la collaboration, les musicologues français vivent et survivent à la tourmente - persécutés, marginalisés, surveillés pour les uns, impliqués pleinement dans la propagande pétainiste ou collaborationniste pour d'autres. Mais dans ce tableau de la musicologie des « années noires » domine la grisaille des ambiguïtés, des hésitations, des contraintes et des jeux de pouvoir. La musique est au centre des politiques culturelles française et allemande et les musicologues y ont leur rôle à jouer. Du premier élan pétainiste du « relèvement » de la nation aux règlements de compte de l'épuration en passant par la Résistance ou les grands projets de la collaboration culturelle, les musicologues comme Paul-Marie Masson, André Schaeffner, Jacques Chailley, Claudie Marcel-Dubois ou Norbert Dufourcq mobilisent ainsi la musique pour des causes politiques différentes. Au travers de nombreuses archives françaises et allemandes et par une analyse méticuleuse des publications musicologiques, Sara Iglesias questionne au fil d'exemples précis l'idée de l'autonomie des sciences humaines et apporte de nouveaux éclairages à l'histoire culturelle de la France occupée.
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Les museum photographs de Thomas Struth ; une mise en abîme
Silke Schmickl
- Éditions de la Maison des sciences de l'homme
- 19 Mars 2021
- 9782735119486
La série des Museum Photographs réalisée par l'artiste allemand Thomas Struth montre des spectateurs regardant des peintures, exposées dans les plus grands musées du monde. Cette série soulève de nombreuses questions concernant le rôle du spectateur et notre rapport à l'histoire de l'art. L'artiste interroge le spectacle muséal qu'offrent les musées aujourd'hui et met au jour les liens cachés qu'entretiennent les hommes avec l'art. Il souligne les rapports entre visiteurs et oeuvre d'art, peinture et photographie, passé et présent, oeuvre documentaire et mise en scène. Tel un conservateur savant, Struth met en valeur un patrimoine artistique en le conservant à travers ces photographies. Il renouvelle significativement une tradition tout en la réinterprétant.
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Réduire en art : La technologie de la Renaissance aux Lumières
Dubourg Glatigny P.
- Éditions de la Maison des sciences de l'homme
- 22 Février 2018
- 9782735117710
Réduire en art, du latin ad artem redigere : rassembler des savoirs épars, fragmentaires et souvent non-écrits, les mettre en ordre méthodique à l'aide des mathématiques, de la rhétorique, de la figuration. Contribuer ainsi au bien public. Si la définition est complexe, c'est que l'opération par laquelle on voulut, à l'époque moderne, diffuser par l'écrit et par le dessin les savoirs ainsi formalisés ne l'était pas moins. L'enjeu était à la fois simple et capital : faciliter les choix techniques des « de l'art » et rendre accessibles au plus grand nombre des savoirs jusqu'alors partagés par les seuls « gens du métier ». La tradition en était lointaine, puisqu'elle remontait à l'époque romaine et les modèles convoqués à partir de la Renaissance avaient pour nom Cicéron, Vitruve, Columelle, Végèce... C'est donc une vaste entreprise de mise en forme et de diffusion des savoirs pratiques que ce livre dépeint. De nombreux domaines s'y trouvent explorés : la danse, la gravure, la pédagogie du dessin, l'architecture, la peinture, mais aussi les mathématiques, la grammaire, l'art des mines, la juridiction de l'art de bâtir, l'escrime ou encore, la conduite de la guerre de siège. Derrière cette diversité, une unité : dans chacun de ces domaines, les injonctions formalisatrices de la réduction en art ont été appliquées. Mais aussi discutées, voire dénoncées.
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Le héros épique ; peinture d'histoire et politique artistique dans la France du XVII siècle
Thomas Kirchner
- Éditions de la Maison des sciences de l'homme
- 9 Septembre 2022
- 9782735129188
Lorsque Henri IV a décidé, au tournant du XVIIe siècle, d'utiliser l'art à des fins politiques, ses projets étaient peu spectaculaires d'un point de vue strictement artistique. Ce n'est que petit à petit que l'État absolutiste grandissant a aspiré à une nouvelle forme de représentation susceptible de répondre à des attentes artistiques plus élevées. Ainsi, les successeurs de Henri IV, Louis XIII et Louis XIV, ont eu de plus en plus recours à la peinture d'histoire, considérée comme le genre artistique le plus noble. Les aspirations artistiques et politiques se rejoignirent dans la recherche d'une peinture capable de transposer des histoires à narration complexe. Or, en France, un tel genre restait à élaborer et c'est la politique qui en fut à l'origine. Cette union entre l'art et la politique artistique se révéla profitable aussi bien pour l'État que pour l'art lui-même : si l'État a ainsi pu disposer d'un moyen de représentation convaincant, l'art y a trouvé une forme d'expression jusqu'alors inconnue en France et qui devint vite un modèle pour d'autres pays. Mais les deux chemins devaient rapidement diverger. Ne pouvant plus répondre aux exigences toujours plus fortes de la politique, l'art s'est soustrait doucement à son influence. La voie était alors tracée pour la quête d'un art moderne et libre, objet de tant de discussions au XVIIIe siècle.
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Juger des arts en musicien ; un aspect de la pensée artistique de Jean-Jacques Rousseau
Marie-pauline Martin
- Éditions de la Maison des sciences de l'homme
- 15 Juin 2020
- 9782735118991
La confrontation des écrits artistiques et musicaux de Jean-Jacques Rousseau se révèle féconde en ce qu'elle permet d'observer, avec précision dans l'esprit d'un intellectuel du siècle des Lumières, la manière dont la musique peut être pensée et vécue, pour devenir finalement l'aune à laquelle tous les arts sont appréciés. Posé tout d'abord comme référent, l'objet musical soumet en effet, dans le discours de Rousseau, les autres arts à l'épreuve de sa propre spécificité ; pensé encore comme modèle d'une conception particulière du beau, il fournit l'instrument d'une appréciation des autres disciplines, met en jeu leur propre statut et leur ordonnance hiérarchique. Ainsi, bien plus qu'une pratique, l'art musical devient, pour Rousseau, une norme esthétique, autorisant qu'il juge des arts en musicien. Exprimé avec conviction dans ses écrits musicaux (principalement le Dictionnaire de musique et l'Essai sur l'origine des langues), ce parti fédère par ailleurs plusieurs de ses oeuvres littéraires, biographiques et politiques. Par son analyse, Marie-Pauline Martin propose ainsi de relire certains écrits du philosophe à la lumière d'un enthousiasme, et même d'une foi absolue, en l'effet moral de la musique.
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Impressions du Mexique et de France ; impresiones de Mexico y de Francia
Andries Suarez
- Éditions de la Maison des sciences de l'homme
- 25 Septembre 2018
- 9782735118953
Le livre traite des formes de transferts culturels qui eurent lieu au xixe siècle entre la France et le Mexique dans le domaine des imprimés. Divers objets ont servi d'exemple, livres, revues illustrées, almanachs, estampes, caricatures. Mais il a aussi été question des individus qui ont favorisé les échanges entre la France et le Mexique : écrivains, lithographes, hommes politiques, savants et libraires français. Même si la France a pu servir de référence à la jeune nation en construction, l'intérêt d'un pays pour l'autre ne fut nullement unilatéral, comme l'atteste la présence du Mexique dans de nombreux articles de journaux, dès les années 1840, notamment dans la Revue des Deux Mondes.
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Daumier et l'Allemagne
Werner Hofman
- Éditions de la Maison des sciences de l'homme
- 7 Octobre 2021
- 9782735128594
Cette étude analyse l'attitude critique de Daumier à l'égard de l'Allemagne et la façon dont elle s'exprime dans ses caricatures. Parallèlement, Werner Hofmann montre comment, en Allemagne, l'artiste a été perçu en tant que défenseur des opprimés et grand peintre révolutionnaire.
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Musées de guerre et mémoriaux : Politiques de la mémoire
Jean-yves Boursier
- Éditions de la Maison des sciences de l'homme
- 30 Janvier 2013
- 9782735116614
La France, comme d'autres pays d'Europe, porte encore dans son paysage et sa mémoire les blessures des nombreux conflits armés du xxe siècle. La Seconde Guerre mondiale, en particulier, y a engendré de nombreux « lieux de mémoire » : villages-martyrs, lieux de massacre par les nazis, camps d'internement vichystes, lieux de combats de la Résistance... Ces traces ont suscité la création de musées et de mémoriaux dont l'existence, en tant qu'institutions, ne laisse pas d'être problématique quant aux choix des thèmes et aux modes d'exposition des événements concernés. Dans ses thèses relatives à la muséologie, Georges-Henri Rivière parle ainsi d'une « ponctuation de l'espace adéquate à l'organisation idéologique du message à transmettre ». Que transmettre ? La guerre et la politique peuvent-elles devenir un patrimoine ? Telle sont les questions centrales posées par ces musées qui participent de stratégies mémorielles de groupes, de collectivités territoriales ou d'État, questions que reprennent à leur compte les auteurs du présent ouvrage pour engager une réflexion critique et stimulante sur les politiques de transmission de la mémoire.
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Les reines de Perse aux pieds d'Alexandre de Charles Le Brun ; tableau-manifeste de l'art français du XVIIIe siècle
Thomas Kirchner
- Éditions de la Maison des sciences de l'homme
- 9 Septembre 2022
- 9782735129195
La famille de Darius, tableau peint en 1660-1661, marque le début de la carrière de Charles Le Brun comme peintre du roi, elle marque également le début du gouvernement personnel de Louis XIV. Cette oeuvre ouvre une nouvelle époque de la peinture en France, elle montre l'importance du dialogue avec la théorie de l'art moderne d'origine italienne, et incarne également une politique royale qui poursuit l'idée d'intégrer l'art moderne à ses stratégies. Pour mieux en saisir la signification complexe, cette étude analyse l'oeuvre sous divers angles, elle s'attache au point de vue de la théorie politique, comme à celui de l'historiographie ou encore à l'histoire de la psychologie.
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Orient et ornement : L'espace à l'oeuvre ou le lieu de la peinture
Isabelle Tillerot
- Éditions de la Maison des sciences de l'homme
- 30 Mars 2020
- 9782735124862
Tout tableau est un fragment. Mais qui, du cadre ou du mur, construit le lieu de la peinture ? Que s'est-il passé lorsque cette énigme occidentale fut confrontée à l'époque moderne à une autre représentation du monde ? Si l'Europe des Lumières est souvent caractérisée par les chinoiseries et l'ornement rocaille, c'est un nouveau regard sur l'Extrême-Orient qui est analysé ici, celui qui lie l'histoire du tableau à une idée de l'espace transmise par les décors des objets venus d'Asie. Dans quelle mesure la présence réelle ou fantasmée de l'Orient a-t-elle modifié le rapport de la peinture au support qui la donne à voir ? Tel est l'objet de ce livre qui présente le changement de paradigme dans la construction du goût suscité par les notions orientales de paysage, de lointain et de vide, pour que le sort de la peinture se transforme. D'où vient la place particulière qu'elle acquiert au xviiie siècle ? De quelle façon fut bouleversée son exposition pour qu'elle devienne le tableau que nous connaissons aujourd'hui ?
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Reims, la reine des cathédrales : Cité céleste et lieu de mémoire
Willibald Sauerländer
- Éditions de la Maison des sciences de l'homme
- 13 Mai 2019
- 9782735124855
À l'occasion du 800e anniversaire de la cathédrale Notre-Dame de Reims, Willibald Sauerländer prononçait un éloge que ce livre reprend dans une version revue et augmentée. Il se concentre particulièrement sur le souvenir des pratiques sacrées et des cultes, de la vénération des reliques jusqu'au sacre des rois, qui prêtèrent à la cathédrale une intense vie liturgique dans la France prérévolutionnaire. L'auteur évoque successivement le choeur en tant que métaphore iconographique de la Jérusalem céleste, les statues de saints comme guides vers leurs châsses et leurs reliques, et la cathédrale comme lieu de l'onction et du couronnement des souverains français. Le volume se conclut par un chapitre évoquant les sculptures de la cathédrale et leur lien spirituel avec le rituel du culte et des fêtes qui animaient l'église métropolitaine.
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La Réalité en partage : Pour une histoire des relations artistiques entre l'Est et l'Ouest en Europe pendant la guerre froide
Mathilde Arnoux
- Éditions de la Maison des sciences de l'homme
- 13 Janvier 2020
- 9782735126583
Traiter des relations artistiques européennes entre l'Est et l'Ouest pendant la guerre froide est un défi. En effet, la limitation des circulations et l'imprégnation du champ artistique par des idéologies rivales peut rendre la démarche illusoire, mais considérer ces limites incite à les questionner. S'appuyant sur des exemples concrets de relations artistiques entre la France, la RFA, la RDA et la Pologne, à la fois dans les discours sur l'art et dans les pratiques artistiques des années 1960 à 1989, cet ouvrage porte sur les conceptions singulières des notions de réel et de réalité selon les contextes, tout en éclairant les partages, incompréhension, malentendus. Musées, catalogues, revues, galeries, congrès, espaces extérieurs sont les lieux dans lesquels les facettes de ces conceptions prennent forme à travers les différents auteurs et acteurs de l'histoire de l'art que sont les artistes, les historiens et critiques d'art. À partir des distinctions et des rapprochements étudiés, cet essai interroge les précédentes analyses pour offrir un point de vue renouvelé sur ces relations, en Europe, durant cette période.
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Kurt Martin et le Musée des Beaux-Arts de Strasbourg : Politique des musées et des expositions sous le IIIe Reich et dans l'immédiate après-guerre
Tessa Friederike Rosebrock
- Éditions de la Maison des sciences de l'homme
- 5 Mai 2020
- 9782735126880
Au début des années 2000, le musée des Beaux-Arts de la Ville de Strasbourg eut à répondre à plusieurs demandes de restitution. C'est dans le sillage de ces affaires que l'institution entama un travail pionnier de recherche sur la provenance des oeuvres conservées dans sa collection. Après sa phase de création et sa refondation soutenue par Wilhelm von Bode de 1889 à 1918, puis la période de l'Alsacien francophile Hans Haug entre les deux guerres, les années 1940 à 1944 ont marqué en effet une étape cruciale dans la constitution de ses fonds artistiques. Le régime nazi confie alors la direction du musée à l'historien de l'art Kurt Martin : déjà à la tête de la Kunsthalle de Karlsruhe depuis 1934, il est nommé administrateur général des musées d'Alsace et de Bade en 1940. C'est le parcours de cette personnalité complexe à travers une époque régie par la contrainte et l'idéologie que Tessa Friederike Rosebrock s'attache à éclairer ici, tout en analysant l'ambitieuse politique d'acquisitions qu'il mit en oeuvre à Strasbourg au cours de la Seconde Guerre mondiale. Dans le portrait d'un homme et de ses actions, l'histoire tourmentée des institutions artistiques de part et d'autre du Rhin dans les années 1940 et l'immédiat après-guerre se fait jour. Sources et documents inédits racontent dans le détail la vie du musée, les achats et les réseaux sur lesquels Kurt Martin s'appuie, le transfert de la collection dans des dépôts sécurisés allemands à la fin de la guerre et sa réinstallation au palais Rohan à Strasbourg après 1945. Cet ouvrage nous invite donc à porter un regard neuf sur l'histoire et les histoires dans lesquelles toute oeuvre de musée se trouve prise.
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Loin de Moscou : Gérard Singer et l'art engagé
Szymon Piotr Kubiak
- Éditions de la Maison des sciences de l'homme
- 5 Mai 2020
- 9782735126873
En 2014, une peinture monumentale du peintre français Gérard Singer, Le 14 février 1950 à Nice, est redécouverte dans les réserves du musée de Szczecin en Pologne. Par quels chemins cette oeuvre est-elle arrivée là ? C'est ce que Szymon Piotr Kubiak entreprend de retracer dans le présent ouvrage. À travers une narration foisonnante, il met en relation les milieux artistiques et culturels communistes de France et de Pologne, rarement rassemblés par l'histoire de l'art de la seconde moitié du XXe siècle. Le recul historique lui permet de révéler les transformations qu'a connues l'analyse des pratiques artistiques de l'époque stalinienne en Pologne. L'auteur invite ainsi à une réflexion sur le long silence autour de l'art dans les pays communistes lorsqu'il ne relevait pas des avant-gardes. Par-delà les différences politiques et les frontières géographiques, Kubiak tisse des liens à travers l'Europe coupée en deux par le rideau de fer et fait apparaître l'art des pays communistes comme participant à la toile de fond sur laquelle se sont développés les arts plastiques de l'espace capitaliste. L'ouvrage incite donc à penser les interdépendances entre l'Est et l'Ouest, pour relire la guerre froide en Europe sous un nouveau jour.
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Das spektakel der auktion. die grundung des hotel drouot und die entw icklung des pariser kunstmarkt
Fuchsgruber Lukas
- Éditions de la Maison des sciences de l'homme
- 16 Octobre 2020
- 9782735127313
Bereits das 19. Jahrhundert kannte das Phänomen der finanziellen Spekulation mit Kunst und kritisierte daher die Orte des Kunstmarkts in teilweise scharfen Tnen. So nannten Kunstkritiker das Auktionshaus verächtlich ein Casino oder eine Brse der Kunst. Lukas Fuchsgruber führt hinter die Kulissen des Spektakels der Auktion und zeigt die Bedeutung von Versteigerungen für die damalige Pariser Kunstwelt. Die Studie geht Schritt für Schritt vor, von den konomischen und rechtlichen Besonderheiten des Auktionswesens in Frankreich, über den erfolgreichen Schritt der Pariser Auktionatoren mit dem Hôtel Drouot im Jahr 1852 ein gemeinsames großes Auktionshaus zu errichten, bis hin zum Verhältnis dieses Orts zu Kunsthändlern und Künstlern und seiner Diskussion in der Kunstkritik. Anhand von Archivquellen, historischer Literatur und zahlreichen Illustrationen wird so durch die Räume des Auktionshauses geführt, und durch eine Schlüsselzeit der Entwicklung des Auktionsmarkts. Diese interdisziplinäre Recherche richtet sich an alle, die sich für den Kunstmarkt, franzsische Kunstgeschichte oder die urbane Geschichte von Paris interessieren. Vor allem will sie aber ein Beitrag zu einem neuen Blick auf die Kunstgeschichte des 19. Jahrhunderts sein, durch den Fokus auf das Auktionshaus als einen der zentralen Orte an dem Kunst zu sehen war, neben Salon, Museum und Galerien.
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« Belle comme Vénus » : Le portrait historié entre Grand Siècle et Lumières
Marlen Schneider
- Éditions de la Maison des sciences de l'homme
- 16 Octobre 2020
- 9782735127306
Vénus, Flore, Hébé ou Diane - autant de divinités antiques qui ont prêté, à partir de la fin du XVIIe siècle en France, leurs attributs et leurs costumes vaporeux, souvent affriolants, à quantité de femmes de l'aristocratie de cour, de la bourgeoisie montante et de la noblesse de robe. L'élite sociale se fait alors peindre en costume mythologique ou historique par des artistes célèbres tels que Nicolas de Largillierre, Hyacinthe Rigaud, François de Troy, Jean-Marc Nattier ou Jean Raoux. Ces portraits dits « historiés », dans lesquels l'effigie d'une personne vivante s'enrichit d'attributs mythologiques comme dans un tableau d'histoire, sont un genre pictural à part entière. D'abord prérogative masculine adoptée par les grands pour célébrer leurs vertus, il devient vers 1680 l'apanage des modèles féminins : le langage allégorique les pare de qualités à connotation spécifiquement féminine et galante, comme la beauté, la jeunesse, la grâce, qui, bien comprises, pouvaient aussi être un moyen de manier le pouvoir. Dès les années 1740, ces peintures font cependant l'objet de critiques répétées et le genre perd peu à peu sa légitimité à la fin de l'Ancien Régime, avant que ce procédé de distinction aristocratique suscite la méfiance des historiens de l'art, qui n'y verront que l'expression d'un amusement futile de milieux oisifs. Le présent ouvrage remet à leur juste place ces travestissements : à la fois oeuvre d'art, objet culturel et pratique sociale, le portrait historié est un phénomène de goût révélateur d'une culture de cour en pleine transformation. Marlen Schneider met ici en lumière les fonctions, les propriétés formelles, la réception et la portée historique d'un type de représentation trop longtemps déconsidéré.