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Concours / Examens supérieur
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Pouvoir militaire et société au Pérou aux XIXe et XXe siècles
Lucie Bullick
- Éditions de la Sorbonne
- 26 Avril 2021
- 9791035104320
La « question militaire » est au centre de cet ouvrage qui se situe à l'intersection entre histoire et politologie. Il retrace la genèse et les principales étapes de la modernisation extravertie des forces armées péruviennes qui, loin d'être homogènes ou isolées de l'ensemble de la société, entretiennent des contacts permanents avec les divers aspirants au pouvoir. Tout en esquissant le contexte économique et social dans lequel s'insère l'activisme politique des militaires, il rappelle les principales manifestations de leur pouvoir tant au XIXe qu'au XXe siècle. Mise en oeuvre à la fin des années 1960. l'expérience du « militarisme réformiste » est également l'occasion d'analyser les mécanismes et les pratiques politiques spécifiques des généraux qui. après douze ans d'engagement direct dans les affaires publiques, prennent finalement le chemin du retour aux casernes en 1980. Si de nouvelles réalités nationales et internationales les obligent depuis à redéfinir leurs champs d'intervention traditionnels, les militaires ne sont pas pour autant des acteurs révolus ou déjà acquis aux valeurs démocratiques. En témoigne le développement politique péruvien de la dernière décennie: le régime instauré au début des années 1990 consacre la formation d'une alliance entre un Exécutif fort et un secteur de l'institution militaire. En retraçant l'histoire des relations entre les forces armées et la société politique péruviennes, l'ouvrage permet de mieux comprendre leur évolution actuelle. Une évolution qui intéresse l'ensemble des pays de démocratisation récente dans la mesure où semble émerger un nouveau type de régime en même temps qu'une conception différente de la pratique politique et des rapports à la société.
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Rien n'est plus frappant aujourd'hui que l'extraordinaire difficulté des sociétés démocratiques à se représenter et à nommer leur devenir collectif. Le passé s'éloigne, l'avenir se brouille. Défiant nos capacités de prévisibilité, l'accélération du temps des choses débouche souvent sur la dépossession du temps des hommes. La crise des grandes figures idéologiques s'accompagne d'une difficulté inédite de nous inscrire comme individus dans la trame d'un temps et d'un sens partagés. Que l'on parle d'effondrement du temps prometteur ou de l'épuisement des énergies utopiques, la faiblesse des images d'avenir espéré affecte la possibilité même de concevoir des projets collectifs. Le temps dépolitisé est un temps recroquevillé sur le présent car tout projet politique engageait une transformation du monde à venir à partir d'un examen critique du passé. À travers la difficulté de nous penser comme contemporains de nos contemporains, ce qui est en jeu c'est notre capacité de faire société. Ajoutons, de faire société démocratique, c'est-à-dire de nous constituer à travers une volonté de nous gouverner en faisant notre histoire, autre manière, on l'aura compris, de parler du projet d'autonomie. Comment qualifier ce qui semble nouveau dans notre conscience du temps aujourd'hui ? Comment interpréter ce malaise dans la temporalité qui affecte profondément notre manière de nous penser, de penser les autres, de pratiquer (ou précisément de ne pas pratiquer) la politique. La valorisation individualiste et démocratique de l'immédiateté et de la discontinuité produirait-elle paradoxalement une logique d'abolition des conditions de possibilités du sujet moderne ? Réunis dans le cadre de l'École doctorale de science politique, les auteurs, venus de tous les horizons des sciences de l'esprit, ne s'accordent pas nécessairement sur les réponses. Mais ils partagent la conviction que ce n'est que par un travail transdisciplinaire que l'on peut patiemment avancer dans la construction de ces questions.