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La Volte
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« Imaginez une Terre poncée, avec en son centre une bande de cinq mille kilomètres de large et sur ses franges un miroir de glace à peine rayable, inhabité. Imaginez qu'un vent féroce en rince la surface. Que les villages qui s'y sont accrochés, avec leurs maisons en goutte d'eau, les chars à voile qui la strient, les airpailleurs debout en plein flot, tous résistent. Imaginez qu'en Extrême-Aval ait été formé un bloc d'élite d'une vingtaine d'enfants aptes à remonter au cran, rafale en gueule, leur vie durant, le vent jusqu'à sa source, à ce jour jamais atteinte : l'Extrême-Amont. Mon nom est Sov Strochnis, scribe. Mon nom est Caracole le troubadour et Oroshi Melicerte, aéromaître. Je m'appelle aussi Golgoth, traceur de la Horde, Arval l'éclaireur et parfois même Larco lorsque je braconne l'azur à la cage volante. Ensemble, nous formons la Horde du Contrevent. Il en a existé trente-trois en huit siècles, toutes infructueuses. Je vous parle au nom de la trente-quatrième : sans doute l'ultime. »
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AVERTISSEMENT DE L'ÉDITEUR : Alain Damasio et l'éditeur ont créé une police exclusive par laquelle des personnages sont désignés dans le texte. Il est donc fortement recommandé d'utiliser la « police de l'éditeur » (ou « police d'origine ») dans les paramètres de texte de votre logiciel de lecture.
Ils sont là parmi nous, jamais où tu regardes, à circuler dans les angles morts de la vision humaine. On les appelle les furtifs. Des fantômes ? Plutôt l'exact inverse : des êtres de chair et de sons, à la vitalité hors norme, qui métabolisent dans leur trajet aussi bien pierre, déchet, animal ou plante pour alimenter leurs métamorphoses incessantes.
Lorca Varèse, sociologue pour communes autogérées, et sa femme Sahar, proferrante dans la rue pour les enfants que l'éducation nationale, en faillite, a abandonnés, ont vu leur couple brisé par la disparition de leur fille unique de quatre ans, Tishka - volatisée un matin, inexplicablement. Sahar ne parvient pas à faire son deuil alors que Lorca, convaincu que sa fille est partie avec les furtifs, intègre une unité clandestine de l'armée chargée de chasser ces animaux extraordinaires. Là, il va découvrir que ceux-ci naissent d'une mélodie fondamentale, le frisson, et ne peuvent être vus sans être aussitôt pétrifiés. Peu à peu il apprendra à apprivoiser leur puissance de vie et, ainsi, à la faire sienne.
Les Furtifs vous plonge dans un futur proche et fluide où le technococon a affiné ses prises sur nos existences. Une bague interface nos rapports au monde en offrant à chaque individu son alter ego numérique, sous forme d'IA personnalisée, où viennent se concentrer nos besoins vampirisés d'écoute et d'échanges. Partout où cela s'avérait rentable, les villes ont été rachetées par des multinationales pour être gérées en zones standard, premium et privilège selon le forfait citoyen dont vous vous acquittez.
La bague au doigt, vous êtes tout à fait libres et parfaitement tracés, soumis au régime d'auto-aliénation consentant propre au raffinement du capitalisme cognitif. -
2084. Orwell est loin désormais. Le totalitarisme a pris les traits bonhommes de la social-démocratie. Souriez, vous êtes gérés ! Le citoyen ne s'opprime plus : il se fabrique. A la pâte à norme, au confort, au consensus. Copie qu'on forme, tout simplement. Au coeur de cette glu, un mouvement, une force de frappe, des fous : la Volte. Le Dehors est leur pays, subvertir leur seule arme. Emmenés par Capt, philosophe et stratège, le peintre Kamio et le fulgurant Slift que rien ne bloque ni ne borne, ils iront au bout de leur volution - et même au delà, jusqu'à construire cette vie de partage, rouge, que personne ne pourra plus leur délaver. Premier roman de l'auteur de La Horde du Contrevent, la Zone est un livre de combat contre nos sociétés de contrôle (prix Utopiales européen 2007).
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Alain Damasio nous invite à la rencontre de grands "vivants", c'est-à-dire de grands claustrophobes, amoureux de l'air et de l'Ouvert. Champions de toutes les aérations, celles de l'espace, du son, des mots, du collectif, et de ce fait totalement libres, entrés en un jeu d'échos fou avec les mouvements du monde, ils tracent et suivent leurs lignes de fuite, tel le surfeur qui n'existe et ne consiste que dans la furtivité. Dix nouvelles par l'auteur de La Zone du Dehors et La Horde du Contrevent.
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Surveillance par IA de cités privatisées, méga-projets d'infrastructures, îlots de chaleur dans les ghettos... Rien n'est encore tracé ! Loin des préfabriqués et du béton armé, la ville de demain foisonne déjà, croule et repousse tout à la fois.
Après les anthologies sur le travail (Au bal des actifs) et la santé (Sauve-qui-peut), c'est à nos cités que La Volte s'est intéressée dans ce nouveau recueil né d'un appel à textes. La fiction pour déjouer les prédictions du capitalisme urbain, et nous permettre d'arpenter quatorze villes encore inexplorées.
D'un texte à l'autre on entend la dignité rendue aux incendies, la surpopulation des mineurs de cryptomonnaie, la terre hantée pour trois cent ans par acides et fantômes, et les cachettes rafistolées au scotch dans le creux des artères brutalistes. Venues d'auteurices très en vue ou carrément émergent.es, ces textes rouvrent la discussion sur les villes à faire.
Quatorze fictions comme une projection d'avenirs possibles, probables ou souhaitables, pour explorer différentes dimensions de l'espace urbain et de ce qui demain fera ville, peut-être. -
Paris, (à peu près) de nos jours
Stagiaire dans un magazine pour adolescentes, Vic partage sa vie entre les passions tristes d'une mode virtuelle et son histoire d'amour dysfonctionnelle avec Maria Paillette, son IA buggée. Quand l'opportunité lui est donnée de percer à jour les mystères du premier clip cyberpunk français, Les Nuits sans Kim Wilde de Laurent Voulzy, elle découvre en elle des ressources insoupçonnées. Une ambition qui l'entraînera au top du monde de la haute couture parisienne. Mais vivre ce rêve a un prix : déchirée entre les intrigues d'un luxe inaccessible et le poisseux de l'Ouvert, monde artificiel où se sont engouffrés les désirs d'une humanité en bout de course, Vic va devoir choisir. Un choix qui pourrait bien mener, par le jeu impitoyable des forces politiques et cosmiques présidant à la structure même de la réalité, à la désintégration du capitalisme, du virtuel et de nos derniers amours.
À l'espoir, pourtant : le retour au corps, au coeur battant. À la lumière intérieure.
Drôle, inattendu et furieusement poétique, le nouveau roman de Sabrina Calvo poursuit son exploration de l'invisible et des échecs du matérialisme contemporain, à la recherche du point de rencontre entre la construction de nos intimités et la décomposition des univers virtuels. -
Religieuse, visionnaire, scientifique, poétesse et compositrice, l'abbesse Hildegarde de Bingen n'a cessé, depuis sa mort, d'inspirer femmes et hommes. Figure totale du Moyen-âge européen, elle déborde des limites du XIIe siècle et de la vallée Rhin où elle vécut : depuis sa berge de fleuve, entre Mayence et Cologne, Hildegarde rayonne sur l'univers entier. Née au moment où la première Croisade arrive à Jérusalem, elle meurt tandis que naissent les premiers chevaliers de romans. A son expérience de femme de pouvoir, son oeuvre mêle observations et visions, unissant sous une même énergie vitale les mondes réels, imaginaires et divins. Léo Henry crée, autour de Hildegarde, un livre-monde qui emprunte ses formes autant au récit épique, qu'à l'hagiographie ou au roman picaresque. Une fresque, qui court de la création du monde à l'Apocalypse, et explore l'intrication du temps qui passe et des histoires que nous nous racontons. Inclassable et foisonnant, Hildegarde est un roman merveilleux, un roman de l'émerveillement.
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Elle est née à l'Orée du bois, une cité réduite à néant par les bulldozers des médias et de la finance. Hantée par les ruines de son Eden foiré, elle a rejoint la commune solidaire à Belleville, où l'on s'organise et lutte en marge du système répressif. Elle, c'est Fi. Quarante piges à tenter de trouver de la beauté dans ce monde fatal : Fi est un chaos de fils et d'aiguilles, de coutures impossibles. Car Fi est couturière. Et Fi est en colère.
Quand son frère Mehdi s'est immolé le jour de l'inauguration d'Eurodisney - le 12 mars 1992 - elle s'est juré de comprendre son geste. Elle a entendu les rumeurs sur l'ancien parc devenu véritable camp de concentration, les horreurs qu'on raconte sur les enfants emprisonnés. Elle ne rêve que de tout brûler. Mais on fait comment quand on est coincée dans un quartier assiégé par une police républicaine hors de contrôle et que reviennent se venger les spectres d'un événement sanglant ?
Aidée par le mystérieux François Villon, ami d'enfance de Mehdi et clé des secrets du parc, Fi se lance dans l'impossible - la trouille au ventre, prête à remuer les tréfonds de cet enfer : monter une croisade d'enfants pour partir raser Eurodisney. Pour débusquer le rongeur dans sa forteresse noire, maître invisible d'une doc-trine totalitaire. Dans le merveilleux d'une robe magique, les émotions pour tissus, Fi va libérer l'imagination.
Tout en douceur.
Ce roman tant attendu fait écho à Toxoplasma, confirmant le tournant résolument poétique et politique de Sabrina Calvo. -
Alors que l'Europe est le jouet des extrêmes droites, que les Canétasunis
sont victimes de pandémies et que l'Asie du Sud est affaiblie par les sécheresses, Lanvil a su devenir un modèle international. La mégalopole caribéenne ne cesse de s'élever vers le ciel, démocratie triomphante, vitrine des diversités culturelles, accueillant les migrants de toutes les zones. Neuf nouvelles font surgir de nouvelles dimensions à Lanvil, dont certaines mettent en scène des personnages de Tè mawon, notamment :
- Man Pitak, et la récupération des données de défunts-clandestins, à
l'insu des corpolitiques ;
- Clod, traducteur, tourmenté par la couleur de sa peau, mais qui doit replonger anba, pour y rencontrer son destin ;
- Le crime d'Ernesto Kossoré qui l'a conduit à devenir cet être en totale maîtrise autant de son image que de son avenir ;
- Les tribulations de Pat et Joe, les personnages principaux de Tè Mawon, toujours aussi losers et sympathiques.
Texte choral irrigué par le kréyòl, macrolangue hybridée et imprévisible, Lanvil Emmêlée poursuit son entreprise de décolonisation de la langue française, emmenée par un Édouard Glissant aux pulsions cyberpunks. -
Alors que l'Europe est le jouet des extrêmes droites, les Canétasunis victimes de pandémies, et l'Asie du Sud affaiblie par les sécheresses, Lanvil a su devenir un modèle international. La mégalopole caribéenne ne cesse de s'élever vers le ciel, démocratie triomphante, vitrine des diversités culturelles, accueillant les migrants de toutes les zones.
Cependant cette modernité, tissée de nouvelles technologies et constellée d'écrans, se paie au prix fort, c'est pourquoi les laissés-pour-compte d'anba veulent en découdre. Pat et ses frères mawon ont certes posé les fondations de cette ville, mais ils veulent désormais retrouver la terre de leurs ancêtres ensevelie quelque part sous Lanvil et faire revivre le Tout-Monde ; pour cela, il faudra faire tomber les murs entre l'anba et l'anwo, et renverser cette société de privilèges.
En trois jours et trois nuits, les trajectoires des protagonistes vont se croiser, se heurter pour tenter de faire advenir quelque chose d'autre. Leurs noms sont à eux seuls des programmes, ou des poèmes : Joe et Patson, compagnons d'infortune qui enchaînent les galères, Pat et ses solda, l'exemplaire président Kossoré et les soeurs ennemies Sézé, ses enquêtrices, la prophétesse Man Pitak, et Papiyon le désorganiqué. -
Au XVIIe siècle, sur la mer des Caraïbes, le capitaine Henri Villon et son équipage de pirates luttent pour préserver leur liberté dans un monde déchiré par d'impitoyables perturbations temporelles. Leur arme: le Déchronologue, un navire dont les canons tirent du temps.
Qu'espérait Villon en quittant Port-Margot pour donner la chasse à un gallion espagnol? Mettre la main, peut-être, sur une maravilla, une des merveilles secrètes, si rares, qui apparaissent quelquefois aux abords du Nouveau Monde. Assurément pas croiser l'impensable: un Léviathan de fer glissant dans l'orage, capable de cracher la foudre et d'abattre la mort!
Lorsque des personnages hauts en couleur, au verbe fleuri ou au rugueux parler des îles, croisent objets et intrus venus du futur, un souffle picaresque et original confronte le récit d'aventures maritimes à la science-fiction. De quoi être précipité sur ces rivages lointains où l'Histoire éventrée fait continûment naufrage, où les marins affrontent tous les temps. Car avec eux, on sait : qu'importe de vaincre ou de sombrer, puisque l'important est de se battre!
L'ouvrage aux cinq prix! Le Déchronologue a reçu le Grand Prix de l'Imaginaire 2010, le Prix européen Utopiales 2009, le Nouveau Grand Prix de la Science-Fiction française (Prix du lundi) 2010 ainsi que le prix Bob Morane 2010 et le Prix Imaginales des Lycéens 2012. -
Dans les rues de Manchester, battues par la pluie et infestées d'ombreflics, errent les Chevaliers du Speed, une bande de déjantés accros aux plumes Vurt, la meilleure drogue qui se puisse rêver. Comme dit maître chat, cependant, soyez prudents, très prudents, ce voyage n'est pas pour les faibles. Mais Scribble n'en fait qu'à sa tête. Il recherche la plume Vurt, ultime, mythique. Une quête qui le mènera au-delà des frontières de l'amour et de lui-même, sans espoir de retour.
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"Toi aussi, tu as fui. Tu as préféré te lover au centre pour te rapprocher des bords. Tu ne sais plus comment réfléchir la lumière.
Ta vie, comme Koinè, est en forme de tore. Construite autour d'une absence."
Oui le capitalisme est mort, la révolution faite, la Terre sauvée.
Une petite partie, au moins. Ce qu'on a pu.
Aujourd'hui tout le monde jouit d'un bonheur fragile, nourrit de solidarité et de frugalité.
Tout le monde ?
Au coeur de l'archipel Koinè, il y a pourtant un creux. Une vieille ville abandonnée, comme un grenier pour toutes les architectures du monde, et déserte sauf une étrange pension : hôtel des deuils, des rêves déçus, des colères amères, des gens usés. Dans ces couloirs rôdent de drôles de fantômes. Elpy abandonnée par sa soeur ; la colérique Aliocha se défoulant dans des simulateurs de 21e siècle capitaliste ; Soran, le meneur révolutionnaire repenti ; et le réceptionniste désabusé Bob Blaine. Toutes et tous cherchent abri dans les ruines, où espérer se reconstruire.
Mais on vient d'annoncer la nouvelle : sous cette pension du bout du monde un terrible séisme approche. -
Léria est un continent balayé par des marées vertes, de violentes poussées végétales aussi mortelles que fécondes, rebattant sans cesse les cartes des géographes, les équilibres politiques et technologiques, transformant l'agriculture en un glanage erratique au fond des champs précaires. À l'abri derrière les cuves de bio-gression, les Lériotes se protègent de leurs assauts dans les cités-États, à la main des Symbiotes et de leur pouvoir autoritaire.
Pourtant, entre ces petits points qui etoilent Leria, dans les zones fauves où piratent les Liards, un peuple a pris le parti du cataclysme, faisant de la marée une épreuve, une rencontre et une aventure, sculptant son utopie au coeur de la catastrophe: la Trame n'a ni carte ni chef, et chaque trameur, chaque trameuse n'a pour seule règle que son Pas, par lequel il tisse son rythme propre dans la murmuration nomade. C'est un peuple de bricoleuses et de cueilleurs orpaillant la marée verte, récoltant dans son péril des trésors végétaux dont ils feront des fripes, de la nourriture et des équipements, ou une simple monnaie d'échange dans les allées du marché noir. C'est parmi eux que Chiffe inventera son Pas, aux côtés des forceurs et des blindeuses, des dérivants, de Lige et d'Angénor, du hueur Malok qui annonce l'arrivée des marées, et des mères-moires qui tissent dans leur caravane la longue trame racontant l'histoire de leur peuple. Dans une langue luxuriante à la mesure de la vitalité de ce peuple et des marées qu'il traverse, le Bombyx Mori Collectif compose une utopie d'aventure qui sillonne entre la puissance linguistique d'Alain Damasio et l'atmosphère envoûtante de Nausicaa. -
Une fable, un conte au souffle épique, un roman tissé d'histoires entrelaçant les naissances et les chutes d'un empire, « l'Empire le plus vaste qui ait jamais existé ».Kalpa Impérial est un livre universel et visionnaire, écrit par une très grande auteure argentine, injustement méconnue en France.
Traduit dans le monde entier, notamment en anglais par Ursula K. Le Guin, ce chef-d'oeuvre inclassable fait songer au cycle de Gormenghast de Mervyn Peake ou aux Villes invisibles d'Italo Calvino. -
« Ça, c'est le taureau en train de violer Europe [...].
Ça, c'est l'aigle avant qu'il agresse Astérie, l'arrachant à la terre de ses griffes.
Ça, c'est Léda broyée sous un cygne. »
Tout porterait à croire que Sirène, debout est un pied de nez fait aux Métamorphoses. Or, rien ne serait plus erroné. De son livre fétiche l'autrice tire un recueil de textes hybrides et polyphoniques où Antiquité et monde contemporain se confondent et se confrontent dans un hommage vivant et actuel au récit d'Ovide.
Les récits, renversement du point de vue des Métamorphoses au profit des personnages prédatés, s'affranchissent du regard masculin et dominant qui structure la manière dont le texte d'Ovide a été raconté, interprété et représenté.
En imaginant un choeur incarné de victimes coléreuses et combatives, racontant sans détours les oppressions subies, Nina MacLaughlin met à nu les mécanismes de la violence indissociables des problématiques de genre et de classe. De son verbe oral et farouche, sorte d'héritage d'un nature writing, elle éclaire d'une lumière nouvelle un texte fondateur de notre patrimoine mondial, et l'enrichit.
Vous connaissez tous et toutes une Daphné, une Arachné, une Écho, un Penthée. Vous les croisez tous les jours, au bureau, dans le métro, au supermarché, en soirée. Un livre décentré, cathartique et jouissif. Enfin ! -
Dix petites filles dans dix stations en orbite autour de la Lune, derniers espoirs de l'humanité morte sur une Terre empoisonnée. À l'instar d'un classique de la SF spatiale, tout commence comme une renaissance triomphante du projet humain, mais au final, rien ne se passe comme prévu.
Parce que l'une d'elles rêve d'arpenter les planètes, qu'elle est le souffre-douleur des autres, et surtout parce qu'elle est moins intelligente (4,2 seulement sur l'échelle de Breuil-Rostocka alors que les autres sont 4,5 ou 4,6). Ainsi, pour se faire accepter de ses condisciples, elle relève un défi stupide et découvre ce qu'on leur cache : leur destin de mères de la future humanité, sur la Lune terraformée, où elles passeront toute leur existence.
« Adieu Mars et conquête des planètes ! » On n'envoie pas une gamine enceinte à travers l'espace criblé de radiations cosmiques... Alors elle voit rouge. Mais comment agir depuis sa boîte de conserve, seule au milieu du vide ? Où peut-elle aller quand la Terre irradie de poison ? Qui rallier à sa cause ? Seule contre l'univers entier... Tant pis ! Aussi enragée que touchante, elle ira jusqu'au bout.
Ce premier roman prend à rebours les fictions de la conquête spatiale, de la fabrication de l'élite, et joue avec la question du libre arbitre : l'individu disposant de son corps et de sa vie face à la survie de sa propre espèce. Valons-nous plus que la somme de nos gènes ? -
Sylas mène une vie heureuse sur son île. Il fait le métier qu'il aime, dans la maison qu'il aime, entouré des rares personnes qu'il aime. Mieux que ça : il sait que le monde est beau, paisible, fluide grâce à Simri, l'artefact sapiens présidant au confort de l'humanité depuis 50 ans. Une super-IA, en gros, dont le déploiement global a porté l'humanité vers un avenir serein. Sylas partage sa vie entre son travail d'analyste système au service de Simri et sa passion pour la conception de bateaux. Oui, le monde est beau et va bien, vraiment, pour tous. Mais Calie, la soeur de Sylas, veut quitter ce monde. Demander à quitter le giron protecteur de Simri, qui veille au bien-être de tous, c'est rare, mais possible. Simri accorde aux personnes qui le désirent le droit de se soustraire à son attention. Mais Sylas ne s'attendait pas à ce que cela arrive à sa soeur, et cela lui est douloureux. S'il espère la faire changer d'avis, il sait que leurs trajectoires respectives ne peuvent aboutir qu'à une collision. Une collision par temps calme dans un ciel sans nuages.
Collisions par temps calme raconte les déchirements entre un frère et une soeur n'ayant pas le même point de vue sur le monde. L'un s'en satisfait, l'autre n'y trouve pas sa place. Tour de force métaphysique et littéraire, alternant les deux points de vue de façon originale, le dernier livre de Stéphane Beauverger est la chronique d'une utopie qui a réussi, acceptant ceux qui n'en veulent pas. Écho de ce que pourrait être notre monde s'il avait pris une voie différente. -
À travers les trois romans parus de 1976 à 1983 qui composent l'Europe après la pluie, Philippe Curval imagine avant la lettre une Union Européenne sans étrangers, aux frontières infranchissables...
Dans Cette chère humanité, au début du XXIe siècle, l'Europe occidentale s'est brutalement repliée sur elle-même. Pour former le « Marcom », communauté totalement autarcique douze états qui, après avoir chassé tous les étrangers de son territoire, a érigé sur ses frontières d'infranchissables barrières. Figé économiquement, le Marcom l'est aussi socialement, moralement, esthétiquement.
Dans leur confortable enfer climatisé, seuls les privilégiés peuvent s'offrir un ersatz d'éternité : des cabines à ralentir le temps. Restent quelques marginaux. Et surtout Belgacem Attia, l'espion qui vient du chaud - les anciens pays en voie de développement qui forment désormais une union civilisée - pour s'opposer au conditionnement qui coupe l'homme des puissances de l'instinct et des ressources infinies de l'imaginaire.
Un livre intelligent, qui pose les vraies questions, avec la violence qui convient. De cette bataille d'idées un autre aurait fait un conte philosophique, P. Curval en fait un grand roman d'aventures. Roman touffu dans lequel on rencontre des créatures végétales, des adorateurs de la pollution, des "montreurs de rêves" qui peuvent matérialiser les paysages mentaux des gens. Une oeuvre prophétique qui fourmille de grands délires. Sans aucun doute l'un des romans les plus importants de l'histoire française de la science-fiction.
Par son sujet, Le dormeur s'éveillera-t-il ? prend abruptement le contre-pied des thèses écologistes qui font aujourd'hui florès. Le monde du Dormeur, l'Europe en pleine désagrégation, n'est qu'un vaste bouillon de culture : de l'écologie au fascisme en passant par les dangers de l'énergie spatiale solaire pour changer et les bienfaits de l'énergie nucléaire (?). P. Curval, on n'en doute plus, a le sens de l'humour grinçant... l'humour qui se retourne contre le lecteur. Un livre présage, existentialiste, anarchisant.
En souvenir du futur, fourmillant de notations exotiques, de postulats poétiques dont la science pourrait faire son profit, renouvelle de façon excitante et ambiguë le thème du voyage dans le temps. Le Centre de Gestion Temporel envoie ses agents à travers le temps afin de réguler la marche des événements et de gommer tout risque de voir se concrétiser le Marcom. Pour ces voyages, délaissant la machine ou la chimie, Philippe Curval a choisi une troisième force : la passion. Grâce au voyage analogique, Georges Quillan est à même de s'ancrer dans telle ou telle époque et ses étapes sont autant de femmes qu'il a connues : Inglès, Jickie, Véra, Aziza et Nancy.
Sera-t-il susceptible d`influencer le futur proche ? Pourra-t-il éviter la fin du monde que certains ont cru apercevoir ? Son héros court, en quelque sorte, à la recherche d'un avenir perdu, et sa quête a un parfum prononcé d'angoisse.
Deux nouvelles inédites de l'univers du Marcom
L'Homme immobile - Bruit de fond.
Préface de Jean Quatremer (Correspondant auprès de l'Union européenne de Libération et auteur du blog « Les coulisses de Bruxelles »). -
Après Un souvenir de Loti, Résolution et Collisions par temps calme, « Eutopia » à La Volte.
Eutopia, une collection de novellas dédiées aux nouvelles utopies : un champ des possibles positifs, un laboratoire de futurs optimistes.
Promenades dans la Commune imaginaire de Belleville.
Les forces de l'Ordre sont aux portes du quartier, mais les habitant·e·s s'organisent. Deux membres de la Commune de Belleville arpentent les différents secteurs du territoire. À travers les pérégrinations de Bri et dilem, c'est l'autonomie d'un quartier assiégé - acquise à la fois en puisant dans ses racines historiques et en se projetant dans les pratiques alternatives d'une logistique humaine un peu folle - dont il est question.
Non pas seulement une utopie, mais un terrain de jeu à la fois surréaliste et ancré dans un contemporain urbain aux questions bien réelles : comment nourrir une population, comment composer les amitiés, Comment interroger les structures de domination liées au genre et à la classe, aussi bien dans la société qu'au sein des espaces de militance. Comment vivre au quotidien l'enfer d'un futur répressif ?
En écho au monde de Melmoth furieux, de Sabrina Calvo, une plongée semi-documentaire dans un Belleville à peine réinventé, où luttes solidaires et espoirs poétiques se mêlent aux enjeux du vivant. -
À Histoireville, tout le monde écrit et peut être happé dans les récits des autres. Mais certaines histoires ne sont pas bonnes à raconter, malgré les agents narratifs chargés de les contrôler...
C'est ce qui arrive au détective John Nyquist, qui se réveille à côté du cadavre de l'homme qu'il était payé à suivre. Le voici piégé dans le Corps bibliothèque, à la fois la tour de la cité Melville de laquelle il ne peut sortir et l'histoire dramatique écrite par un certain Obéron. De dangereux personnages sont à la recherche des pages de ce livre, dont Nyquist a trouvé un extrait, et ces pages recèlent un pouvoir véritablement envoûtant, voire mortel.
La série des « enquêtes de John Nyquist », entamée avec Un homme d'ombres en 2020, s'inspire du principe des Villes invisibles d'Italo Calvino ; l'action se déroule à chaque livre dans une ville différente, aux règles totalement fantasmagoriques. Ce polar new weird est éblouissant, étrange et poétique. Un roman à la Jeff Noon promet un voyage dans les contrées du fantastique, pour un mélange unique des genres et un renouvellement des formes de la narration. La Ville des histoires aurait pu être écrite par l'enfant d'Agatha Christie et de William S. Burroughs (pour son écriture-collage ou cut-up). -
L'humanité a su éviter lae catastrophe et a changé totalement san mode d'existence, notamment san rapport à la vivante, et san organisation politique. L'Écoume est en effet respectueun de toutes, des végétales et des animales, de lae Terre en voie de guérison. Cependant l'apparition de Sitive, une planète à l'écosystème totalement incompréhensible, bouleverse lae conception de notre monde, de lae science à lae religion.
Elle s'appelle Néea et san neuro-prothèse lui permet de marcher, de penser, il s'appelle Ugo et l'aide al quotidien, elle s'appelle Paloma, est danseuse et rentre de tournée, il s'appelle Basile, a été élu gouverneur et doit gérer nombre de crises, y compris dans san famille...
Les habitantes de l'Écoume ne vont pas bien : est-ce les informations communiquées par lae mission d'exploration de Sitive qui les inquiètent ou la planète influe-t-elle vraiment sur l'esprit des humaines ?
« Fiction-panier » selon les termes d'Ursula Le Guin, plutôt qu'histoire héroïque, tout simplement an magnifique roman tendu par l'affolement progressiven des Terriennes face à l'inconnu. C'est également an expérience de lecture d'an langage qui aura été refaçonné pour correspondre àn société plus juste, exempte de rapports de domination et de prédation. -
LE TRAVAIL QUI VIENT : thème majeur de nos sociétés occidentales, enjeu canonique des élections présidentielles, première cause de mouvements sociaux lors de la Loi El Khomri et de dossiers dans la presse. Et si la fiction s'en mêlait à son tour ?
Entre disparition et retour au plein-emploi, les écrivains de science-fiction prennent parti. -
Balthazar, révolté sans idéal, à l'image du très jeune Philippe Curval, cherche sa voie : après des débuts avortés dans le cinéma, le voilà qui se fraye un chemin équipé de ses appareils photo. Le Paris des Halles, Saint-Germain-des-Prés et la place Clichy en particulier n'ont plus de secrets pour lui dès lors qu'il est initié par un photographe professionnel, Gilles Foreman, et Bob, son camarade d'équipée, infatigable chroniqueur de Paris. Au fil des rencontres, de ballons de rouge en litres de blanc, Balthazar deviendra adulte et observateur du genre humain. C'est une histoire savoureuse de Paris et des Parisiens que l'auteur nous fait vivre : Bob a été le surnom de Robert Giraud, fameux par sa connaissance de Paris, auteur notamment des Lumières du zinc, de L'Argot du bistrot, ami de Robert Doisneau, d'Édouard Boubat, de Michel Ragon, des frères Prévert.
Le coup de foudre du jeune homme pour Ghislaine de Mouthe lui fait découvrir l'amour et les plaisirs charnels, jusqu'à ce qu'il retrouve son amante assassinée. En proie au désespoir le plus violent, Balthazar enquête parmi les proches de la victime, rapidement convaincu que la clé de l'énigme est à chercher au sein du club des amis de Malcolm Lowry à Cuernavaca, au Mexique.