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philippe albera
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Le son et le sens ; essai sur la musique de notre temps
Philippe Albèra
- Éditions Contrechamps
- 7 Juillet 2017
- 9782940599400
Parallèlement à son activité au sein de Contrechamps, dont il a été le fondateur et le directeur artistique durant près de trente années, et à un travail d'enseignant au sein des conservatoires de musique, Philippe Albèra (né en 1952) a écrit de nombreux textes sur la musique du xxe siècle, sous la forme d'essais, de portraits de compositeurs, de textes de circonstance, ou d'introduction aux programmes de concerts. C'est un choix de ces écrits qui est ici publié. Des études sur les enjeux et la situation de la musique actuelle, sur l'influence des musiques extra-européennes, ou sur les théories d'Ansermet, côtoient des portraits de compositeurs marquants (Ives, Schoenberg, Bartók, Zimmermann, Boulez, Berio, Nono, Kurtág, Holliger, Lachenmann, Nunes, Gervasoni, Jarrell, etc.), et des réflexions sur différentes oeuvres. Ces textes, par leur souci de replacer le phénomène musical à l'intérieur d'un contexte historique et d'idées, s'adressent plus encore qu'au spécialiste à l'amateur éclairé ; ils évitent le jargon musical au profit d'une réflexion esthétique approfondie, soucieuse du contenu de la musique de notre temps.
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Dans les différents domaines de l'activité artistique, et dans la musique en particulier, le terme d'avant-garde ne jouit plus d'une grande considération. Il a paru progressivement dévalué, à la fois dans les travaux critiques de ces dernières années, et dans les propos tenus par les compositeurs eux-mêmes. Il a disparu au profit de termes tels que « post-modernisme », « néoromantisme », « nouvelle simplicité », « nouvelle intelligibilité », qui témoignent d'une réaction que l'on observe aussi dans la pensée en général. Simple mouvement de balancier dû au changement de génération, ou incapacité à définir l'art autrement que par rapport à des modèles temporels normatifs, comme le suggère Jean Clair ? Il semble que la question du rapport à la tradition soit aujourd'hui redevenue centrale pour la création : non pas comme prise de position esthétique, programmatique, polémique, mais dans la dimension concrète des liens entre le compositeur et les institutions musicales, et dans l'écriture elle-même. Les termes cités plus haut rendent alors mal compte de la réalité : ils la simplifient exagérément, donnant l'illusion d'un ordre là où règne une multiplicité de choix individuels, souvent complexes et ambigus. Dans quelle mesure une telle terminologie introduit-elle des a-prioris idéologiques qui faussent l'approche concrète des oeuvres ? Nous pourrions dire en effet avec Kagel que « c'est l'arsenal des concepts historico-musicaux communément utilisés qui a influencé la composition des oeuvres (non le contraire, donc), car les musiciens s'identifiaient rapidement et très volontiers à une notion d'« école », même si une telle identification ou typisation trop facile n'était pas du tout conforme à leur esprit. ».
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La disparition des « systèmes » universels, dans la pensée et dans les arts, ainsi que la connaissance de plus en plus approfondie des diverses cultures non européennes, ont provoqué la multiplication des codes relatifs et éphémères, liés à une personnalité ou à un groupe, et sans cesse remis en question. Les compositeurs, au cours du vingtième siècle, n'ont cessé de repenser les relations complexes du matériau et du langage, de la construction et de l'intuition, des systèmes conçus et des systèmes perçus, de la tradition et de l'expérimentation... Comment peut-on appréhender une oeuvre qui ne s'inscrit pas dans un code reconnu ? Peut-elle seule instaurer un ordre perceptible et signifiant? Faut-il partir, comme Fred Lerdahl, à la recherche d'universaux, ou considérer, avec François Nicolas, que la dissociation entre l'écriture et la perception est irrémédiable ? Est-ce une question qu'il faut résoudre par l'analyse technique ou par la réflexion philosophique, comme le tentent Lev Koblyakov, Marcelle Guertin, Anthony Newcomb et Erwin Laszlo, ou faut-il faire appel à la psychologie expérimentale, comme le suggère, par ses travaux, Irène Deliège ? L'oeuvre, nous rappellent toutefois Jean-Jacques Nattiez, Pierre-Michel Menger et Jürg Stenzl, ne peut être détachée de son contexte historico-idéologique; elle nécessite une approche sociologique, mais libérée de certains modèles trop réducteurs. Enfin, ne faut-il pas élargir notre champ de vision, relativiser nos critères d'appréhension en les confrontant, comme le fait Simha Arom, aux musiques d'autres civilisations ? Ces textes ont été lus, dans une première version, lors d'un symposium organisé par Contrechamps et l'Université de Genève en mars 1987. Retravaillés par leurs auteurs, ils sont tous inédits. Une discussion réunissant l'ensemble des protagonistes clôt ce volume.
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Les oeuvres que Luigi Nono composa à partir de la fin des années 1970 marquent chez lui un tournant : l'exploration d'un nouveau monde sonore, lié à son travail avec les moyens de la live-electronics alors en pleine émergence, et une intériorisation des problématiques existentielles, politiques et sociales qu'il avait développées à travers ses oeuvres précédentes et qui lui avaient valu le qualificatif de « musicien engagé ». Les oeuvres de cette dernière période ont considérablement influencé les nouvelles générations et elles continuent de fasciner, aussi bien par l'expérience musicale singulière à laquelle elles convient les auditeurs que par leur force d'utopie. Ce numéro spécial de la Revue Contrechamps a été réalisé en 1987 à l'occasion d'une série de concerts organisés par le Festival d'Automne à Paris et consacrés à ces oeuvres de la dernière période, en particulier au Prometeo qui en est la somme. Les textes réunis dans cet ouvrage sont signés par des exégètes historiques de sa musique comme Massimo Mila, Jürg Stenzl ou Giovanni Morelli, par ses propres collaborateurs - Massimo Cacciari, Hans-Peter Haller, Renzo Piano, Claudio Abbado -, ainsi que par tout un ensemble de spécialistes qui jettent sur ses oeuvres un regard critique. Le livre s'ouvre sur un texte inédit du poète Edmond Jabès et sur un entretien avec le compositeur. Les contributions cernent, à partir de points de vue différents, la singularité de la démarche du dernier Nono, sa recherche d'un monde sonore autre en lien avec les espaces où il doit se déployer et une pratique de l'écoute renouvelée. L'ouvrage est enrichi de nombreuses photos et d'esquisses en couleurs. C'est la seule documentation disponible en français sur les oeuvres de la dernière période du compositeur, et elle complète idéalement la publication des Écrits de Nono que les éditions Contrechamps ont publiés en 2007.
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Il n'y avait pas de revue consacrée à la musique de notre siècle. Aussi avons-nous décidé de créer un espace où l'on puisse rassembler les connaissances, susciter les réflexions et provoquer les échanges à son sujet. Les écrits des compositeurs ont en effet gardé, dans le monde francophone, une audience confidentielle, et les études critiques sont rares. Les idées qui sous-tendent les grandes aventures de l'art contemporain sortent peu des ateliers d'artistes, le code de l'écriture musicale étant, de surcroît, un obstacle pour ceux qui n'ont pas eu la chances de l'assimiler. La création qui nous met en jeu, qui est un moyen d'appréhender le réel au delà des apparences, peut-elle rester confinée au cercle restreint des « spécialistes » et des curieux ? Notre société ne saurait-elle plus réfléchir sur ses propres expériences, fussent-elles bouleversantes ? N'aurait-elle plus le goût du regard critique qu'au contact d'un passé souvent idéalisé ?
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Die Soldaten de Bernd Alois Zimmermann
Philippe Albera
- Éditions Contrechamps
- 6 Décembre 2017
- 9782940599080
Les Soldats occupent une place centrale dans l'oeuvre de Bernd Alois Zimmermann. La partie qui fut écrite entre 1958 et 1960 forme la synthèse et l'aboutissement de son évolution depuis ses débuts: l'utilisation stricte mais relativement simple de la technique sérielle y est liée à celle de formes musicales traditionnelles comme la toccata, le ricercare ou la chaconne, à des emprunts au jazz et à des citations.
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La situation de Bernd Alois Zimmermann est paradoxale. On peut le considérer comme l'un des compositeurs les plus importants de l'après-guerre (c'est du moins notre point de vue), et pourtant, son oeuvre reste très mal connue et trop rarement jouée en dehors de l'Allemagne. Certes, elle réclame souvent des effectifs considérables, des formations peu usuelles, et elle exige une virtuosité technique qui n'est pas destinée à « faire briller » l'interprète. Défendue en son temps par un groupe de musiciens engagés vis-à-vis d'elle - citons les frères Kontarsky, Siegfried Palm, Michael Gielen entre autres - elle est restée trop longtemps confinée à ce cercle restreint. En France, la réception de Zimmermann n'a pas été à la hauteur de son oeuvre : le Requiem pour un jeune poète ou l'Action ecclésiastique Ich wandte mich... n'y ont toujours pas été jouées ; on attend que Les Soldats fassent leur entrée à l'Opéra de Paris (après leur création tardive à l'Opéra de Lyon en 1983) ; des oeuvres aussi importantes que la Symphonie en un mouvement, Dialogues, Antiphonen, Photoptosis ou la Musique pour les Soupers du Roi Ubu ne sont pas entrées au répertoire des institutions symphoniques ; sans parler des nombreux concertos (pour violon, hautbois, trompette, violoncelle) que Zimmermann a écrits. Les textes mêmes du compositeur n'ont eu aucun écho en France, et l'on ne compte guère d'articles sur son oeuvre ; il n'existe même aucun livre de caractère général sur lui (y compris en allemand).
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Charles E. Ives. Essais avant une sonate
Philippe Albera
- Éditions Contrechamps
- 22 Mars 2018
- 9782940599066
Il nous paraissait inconcevable de consacrer un numéro à la musique nord-américaine - voir notre précédent numéro - dont la figure « fondatrice » de Charles Ives serait absente ; mais on ne pouvait lui accorder un ou deux articles seulement, alors que la bibliographie française ne dispose d' aucune référence sur ce musicien qui cessa quasiment de composer après la première guerre. Fallait-il ou non traduire les Essais avant une sonate que Ives rédigea pour accompagner son oeuvre la plus célèbre ? Fallait-il les traduire intégralement, ou se contenter du Prologue et de l'Epilogue, plus directement liés aux problématiques musicales ?Beaucoup de commentateurs ont parlé du caractère brouillon de ces Essais : manque de logique dans la pensée, digressions déroutantes, style parfois obscur, usage très personnel des signes de ponctuation (les tirets, les points-virgule...), etc. Faut-il y ajouter une insistance sur les questions de morale qui date terriblement ? Mais n'était-ce pas trahir ce texte que d'en supprimer des maillons essentiels, ou d'en améliorer le style par la traduction ?
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Brian Ferneyhouh est l'une des personnalités les plus importantes et les plus fascinantes de la musique actuelle ; c'est aussi l'une des plus difficiles à cerner. Ses oeuvres, qui furent révélées vers la fin des années soixante, ne renoncent ni à une expressivité que l'on pourrait presque qualifier de romantique, ni à la complexité d'une élaboration rigoureuse. Elles se situent au-delà des problématiques des années cinquante et soixante, que Ferneyhough a su parfaitement intégrer, tout en s'opposant radicalement aux tendances restauratrices des années soixante-dix. Dans ce volume, Brian Ferneyhough retrace sa propre évolution, commentant chacune de ses oeuvres, et s'explique sur leur signification profonde, notamment sur leurs déterminations et leurs implications extra-musicales ; il parle de sa manière de travailler, de la fonction de sa notation, du rôle des interprètes... et il analyse deux de ses oeuvres. Différents auteurs posent sur sa musique un regard critique, musicographique, philosophique, ou analytique. Brian Ferneyhough est né à Coventry en 1943. Il y a fait ses études de musique, puis a suivi les cours de composition de Lennox Berkeley à Londres (1964-1967), Ton de Leeuw à Amsterdam (1 968-1 969) et Klaus Huber à Baie (1969). Il a enseigné la composition à Freiburg-im-Breisgau de 1 973 à 1986, ainsi qu'à Darmstadt (cours d'été depuis 1976) et Milan (depuis 1984) ; il a fait de nombreuses lectures, notamment à Helsinki, Glasgow, Arezzo et Dartington. Il travaille aujourd'hui à San Diego en Californie. Parmi ses oeuvres les plus importantes, on compte trois Quatuors à cordes, Transit, le cycle des Carceri d'invenzione, la pièce d'orchestre La Terre est un Homme, et la série des Time and Motion Studies.
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La rencontre de Bruno Maderna et Heinz Holliger dans le programme du Festival d'Automne 1991 n'a pas été préméditée : elle résulte d'une coïncidence. Elle consacre deux musiciens indépendants, qui se sont développés à l'écart des modes, des mots d'ordre et des pensées d'exclusion, deux compositeurs engagés aussi bien musicalement que socialement, deux hommes d'une rare générosité et d'une grande intégrité. On trouve chez l'un comme chez l'autre ce lien essentiel, mais devenu rare, entre l'activité créatrice et la pratique musicale, entre l'idéal et le pragmatisme, chacune reflétant l'autre à sa mesure. Le talent de l'interprète, chez eux, n'a guère rejailli sur l'image du compositeur, qui comporte une dimension plus secrète, plus exigeante aussi. Mais l'esprit du compositeur éclaire d'une lumière différente sa pratique d'exécution : il suffit d'écouter les nombreux témoignages enregistrés de l'art de Maderna, et ceux toujours croissants de Holliger comme chef ou comme hautboïste pour s'en convaincre. Quelque chose nous est restitué de l'essence même des partitions abordées - on voudrait dire, de l'essence même de la musique. Or, la musique n'est-elle pas le domaine où la médiation sociale trahit le plus violemment les idées artistiques, dressant entre le compositeur et son public potentiel des institutions figées qui se nourrissent d'elles-mêmes et qui font ployer les esprits les plus vigoureux ? Cette contradiction entre pensée et communication traverse toute l'expérience de la modernité. Le conflit entre l'individu et une société qui s'adapte de plus en plus vite ne date pas d'hier : sous l'apparence des conciliations superficielles, il surgit avec la plus grande actualité au sein même de notre fin de siècle. Il apparaît au plus profond de l'acte compositionnel dans la dialectique complexe de la subjectivité revendiquée et de la norme imposée. Est-ce un hasard si Maderna et Holliger ont rencontré Hlderlin sur leur chemin, un poète qui plus qu'aucun autre a inscrit cette tension à l'intérieur de toute son oeuvre, de sa vie même ?
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Gyrgy Ligeti et Gyrgy Kurtág sont incontestablement les deux figures dominantes de la musique hongroise de l'après-guerre. Ils occupent une place très importante et très particulière dans la musique actuelle. Ayant assimilé les idées et les techniques des différentes avant-gardes musicales tout en restant attachés à de multiples références historiques liées aussi bien à la musique savante qu'aux musiques populaires, ils ont suivi une démarche originale, à l'écart de toute idée de « système » ou d'« école ». Leur pensée musicale n'en est pas moins élaborée, complexe et cohérente, comme on peut le constater dans certains articles de ce numéro. Elle est articulée en profondeur à toutes sortes d'implications philosophiques, poétiques ou politiques que les auteurs analysent ici. Nous avons joint à ces études des textes de Ligeti et de Kurtág, ainsi que divers témoignages. Ce volume contient deux textes inédits de Ligeti et un entretien avec Kurtág, ainsi que des textes de I. Balázs, R. Toop, H.-P. Kyburz, G. Kroó, R. Dalos, A. Csengery, F. Spangemacher, P. Szendy, D. Bouliane, F. Sallis.
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Karlheinz Stockhausen. Montag aus Licht
Philippe Albera
- Éditions Contrechamps
- 31 Mai 2018
- 9782940599073
Karlheinz Stockhausen occupe, depuis le début des années cinquante, une position dominante dans le mouvement de la nouvelle musique. Il en a été l'une des figures les plus radicales et les plus puissamment imaginatives. Dans tous les domaines, il a ouvert des voies nouvelles, audacieuses et fécondes : au cours des années cinquante, par un renouvellement fondamental des concepts compositionnels et par son travail de pionnier dans le domaine électro-acoustique ; puis, dans les années soixante, par le développement de nouvelles conceptions formelles et par la recherche d'une synthèse stylistique mêlant des matériaux historiques et les influences de musiques extra-européennes aux moyens nouveaux ; c'est ainsi qu'il développa l'idée d'une "musique universelle" et d'une "musique cosmique" débouchant sur le vaste projet d'un opéra étendu aux sept jours de la semaine, Licht, auquel il travaille depuis 1977.
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« Happy New Ears ! » Cette exclamation en forme de jeu de mot lancée par John Cage représente l'apport le plus fondamental de la musique nord-américaine de l'après-guerre à la pensée musicale européenne. C'est en effet à un complet renouvellement de l'écoute que nous invitent la presque totalité des compositeurs présents dans ce numéro de Contrechamps. Et qui dit perception nouvelle, dit aussi vision nouvelle du monde, puisque il devient alors essentiel que « la musique dépasse le cadre de l'exécution du concert », et qu'« elle propose immédiatement son expérience à tout être habité par le seul désir de vivre, d'apprendre et de se renouveler ». (...)Avec cette livraison de Contrechamps, nous n'avons pas cherché à offrir un panorama exhaustif de la musique américaine de ce siècle. D'autres sujets, qui mériteraient un large développement à eux seuls, n'ont pas été abordés ici : le jazz, la recherche en informatique musicale, les jeunes compositeurs, certaines individualités marquantes comme Harry Partch... ; en outre, notre prochain numéro sera consacré à l'un des pères spirituels de la musique américaine, Charles Ives, et à quelques-uns de ses contemporains. Nous avons plutôt tenté d'éclairer, à travers les textes présentés ainsi qu'à travers les « collages » - illustrations de notre propre vision de la musique américaine - une situation souvent trop typée, et de montrer comment les rapports entre le Vieux et le Nouveau Monde se sont articulés dans le courant de ce siècle, et s'articulent encore : le jeu des influences alternées devenant source de richesse culturelle.
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Claude Helffer, né le 28 juin 1922 à Paris, fait partie de ces interprètes d'exception qui accompagnent et suscitent la création, témoins actifs d'une époque et médiateurs privilégiés entre les compositeurs et le public. Élève de Robert Casadesus (pour le piano) et de René Leibowitz (pour l'écriture), diplômé de l'École Polytechnique, engagé dans les combats de son temps comme dans les différents mouvements de la création musicale, Claude Helffer a mené une grande carrière de soliste, sans négliger les ensembles de musique contemporaine (il participa à l'aventure du Domaine Musical dès ses débuts) ni la musique de chambre. Il a créé un grand nombre d'oeuvres, certaines ayant été composées à son intention, et il est devenu l'interprète de prédilection de certains compositeurs comme Boulez ou Xenakis. Il retrace ici sa trajectoire, livrant ses convictions et ses souvenirs, développant sa conception de l'enseignement, parlant des compositeurs qu'il a fréquentés, racontant son travail avec des chefs illustres. C'est à la fois le portrait d'un musicien inspiré, passionné, généreux, et celui d'une époque foisonnante qu'il a marquée de sa personnalité.
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Stefano Gervasoni, le parti pris des sons
Philippe Albèra
- Éditions Contrechamps
- 31 Mai 2017
- 9782940599561
La musique de Stefano Gervasoni, né en 1962, trace avec une conscience aiguisée son propre chemin ; tout en évoluant de façon significative, elle conserve une remarquable unité. Dans sa fragilité même, elle est représentative des enjeux de notre époque, qu'elle réfléchit avec acuité. Sur le plan musical, par son exploration du timbre, qui bouleverse les conceptions traditionnelles, par son intégration à une pensée plus large, qui met en jeu tous les paramètres de la composition, et par des formes où sont combinés la technique du montage et le sens de la trajectoire. Sur un plan plus général, par le souci de lier sa musique à des questions éthiques, spirituelles, politiques et poétiques qui lui confèrent un contenu extrêmement riche, et qui ont conduit le compositeur à se confronter à des idiomes éloignés, comme le fado, ou à des matériaux historiques, comme les accords parfaits, sans toutefois effectuer le moindre retour vers le passé. Au contraire, toute sa démarche témoigne pour une invention qui ouvre constamment de nouveaux territoires, mêlant à une imagination fertile la profondeur du métier et un sens critique aiguisé. Sa musique est hautement expressive, et sait préserver les formes de l'enchantements à côté de moments plus sombres et plus durs. Dans la situation présente, où les mouvements de régression prennent une place grandissante, cette recherche tenace et sans concession est un motif d'espérance.
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Intermédialités. No 20, Automne 2012
Marion Froger, Frederique Berthet, Matthias Krings, Germain Lacasse
- Revue intermédialités - Intermédialités
- 22 Octobre 2015
- 9782923144191
Le titre « traverser/crossing » évoque, bien sûr, l'idée de passage - celui du papier au numérique - mais aussi celle d'une exploration : ce numéro est ainsi composé d'un choix de textes que la revue a publié sur son site Internet, sous une forme préliminaire expérimentale, dans ses suppléments électroniques issus d'ateliers et séminaires portant sur l'intermédialité. Ces textes offrent au regard une image juste de la diversité des corpus et des configurations historiques qu'Intermédialités traverse, tout en démontrant l'efficacité des approches intermédiales pour la compréhension de phénomènes complexes, quel que soit le niveau auquel ils se produisent, ou encore leur nature.