« Policier » et même, à la limite, « roman-catastrophe », « Les otages de l'atome » pourrait également entrer dans la catégorie toute nouvelle de la fiction écologique. Deux attitudes donc : vous ne recherchez que le rythme, le « suspense », et vous ne serez pas déçu, car les événements retracés ici s'enchaînent, sans la moindre pause, selon une logique implacable ; ou vous souhaitez jeter un regard en avant sur cette ère nucléaire, prétendument pacifique, dans laquelle nous sommes entrés, et une occasion vous est donnée, que vous regretteriez de n'avoir pas saisie, d'éprouver le devenir d'un système dont le triomphalisme technologique ne pourra masquer longtemps la mortelle fragilité. Dans une région indéterminée, que l'on devine toutefois riveraine de la Manche s'élève l'orgueilleuse cathédrale de la religion nucléaire, un surrégénérateur. Dix années de fonctionnement sans incidents notables ont placé la centrale sous le patronage contradictoire de deux déesses redoutables : Rentabilité et Routine. La vulnérabilité qui en résulte va se manifester de façon terrifiante lors de circonstances qui semblaient ne devoir être que banales : le « casse » d'une banque de la ville voisine, un « hold-up » classique qui soudain tourne mal, et c'est l'irruption du « fait divers » dans la logique réputée infaillible de l'univers concentrationnaire atomique... Car « les otages de l'atome », tout autant que ces clients de la banque, ce caissier, ces ingénieurs de la centrale, ne serait-ce pas d'abord nous-mêmes... ?