Le Mexique, terre indienne de rêves, de volcans, d'antique magie, est une planète fascinante, la plus « instinctivement surréaliste », disait Breton. Elle a fait rêver Napoléon III, l'Impératrice Eugénie, Maximilien d'Autriche, Artaud... Terre où le tellurisme et les variations du champ magnétique sont plus puissants qu'ailleurs.
1976. Pour son Festival d'Opéra, le Palacio de Bellas Artes de Mexico a invité pour quelques représentations du Bal Masqué de Verdi, la soprano la plus adulée au monde. Elle « est » la voix la plus brillante, veloutée, mystérieuse, magique. « Ma voix ne m'appartient pas ! » dit-elle en souriant. C'est ce que disent tous les grands chanteurs, mais pour elle, c'est encore plus vrai. En attendant les répétitions, la Diva et les trois personnes qui l'accompagnent vont rejoindre une hacienda-hôtel, vaste demeure de style monastique et colonial, très appréciée des touristes étrangers et des riches Mexicains. Avec le côté chatoyant, étincelant et joyeux d'une vie raffinée élégante, musicale et artificielle, le touriste risque de se laisser séduire au point d'oublier que le Mexique est une nation millénaire et redoutable, une terre avec une charge d'inspiration mythique et prophétique. Les grincements des dieux de pierre commencent le jour où sur un site archéologique, une touriste profane une momie. Se produisent alors des évènements tragiques, bizarres, inquiétants. Devant la terreur de trépasser, ce sont les Chamanes et les Indiens à la culture méprisée, qui offrent aux mécréants une protection métaphysique devant la mort. Eux, au Vieux Savoir, ont gardé leurs dieux bien vivants et actifs, tapis dans les ténèbres, « couronnés de plumes d'aigle et peints de sang de serpent ».